Mieux connaître les forêts de la Réserve de Chastreix-Sancy pour mieux préserver leur biodiversité
En 2022, l'équipe de la Réserve naturelle de Chastreix-Sancy a dressé un état des lieux des forêts de ce site d'exception. À la fois générale et précise, la vision de ce patrimoine permet d'adapter les actions à mener pour protéger la biodiversité.
Une méthode
Pour mener cet inventaire, il s'agissait au préalable de préparer la méthode "PSDRF" et de déterminer différentes types de placettes, soit un panel de différentes surfaces forestières (exploitées, non exploitées et situées dans l'Espace Naturel Sensible de la Montagne du Mont).
VOCABULAIRE Un dendro-microhabitat est une singularité morphologique portée par un arbre représentant un milieu de vie pour certaines espèces, que ce soit sur une partie ou sur la totalité de leur cycle de vie. Les dendro-microhabitats peuvent être situés au niveau du tronc (cavité, blessure, …), des branches (branche morte ou brisées) et de l’écorce (décollement, présence d’épiphytes, …). D’autres types dendro-microhabitats existent comme les excroissances, nids ou coulées de sève par exemple. Le PSDRF signifie Protocole de Suivi Dendrométrique des Réserves Forestières. Ce procédé national scientifique a déjà été mis en place sur 170 forêts françaises. À l'aide de différentes mesures et observations d'une forêt, il permet d'en évaluer son état de conservation, de déterminer les enjeux de sa conservation, de comprendre les interactions entre sa gestion et la biodiversité, d'identifier les impacts de ses gestions actuelles, mais aussi de préconiser des améliorations pour sa meilleure conservation. En savoir +
Cette première phase a permis ensuite de mener le travail concret sur le terrain, à savoir la réalisation de mesures (diamètre des arbres...) et le relevé des dendro-microhabitats sur les arbres vivants ou morts.
Les résultats
Il en résulte que les forêts de la réserve naturelle :
sont dans un état écologique plutôt moyen du point de vue dendrométrie. Cela est aussi mis en évidence en comparant les forêts de la réserve à d’autres hêtraies montagnardes.
présentent un déficit net du volume de bois mort et de très gros bois vivant.
Cependant, la non intervention semble améliorer la naturalité forestière de la réserve.
CHIFFRES CLÉS . 200 placettes étudiées . 8109 arbres vivants ou morts localisés . 1535 souches et 1211 billons au sol inventoriés . 19 espèces d’arbres identifiées . 3 espèces (hêtre, sapin et épicéa) = 96% de la surface terrière (dont 80% pour le hêtre) . seulement 2,3% de très gros bois vivants (diamètre >= 67,5 cm) . 1,5 m3 de bois mort à l’hectare . 37% des dendromicrohabitats les plus représentés sont des épiphytes, 32% des déformations et excroissance et 11% blessures.
Cet état écologique devrait malgré tout s’améliorer avec le temps : en effet, environ 1/3 de la surface forestière est en zone de non exploitation et une trame d’arbres à biodiversité est en train d’être mise en place.
Dans 10 ans, ces mêmes placettes et ces mêmes arbres seront à nouveau mesurés, afin d’identifier les évolutions.